« ABEL »

« Caïn était du méchant, et tua son frère. Et pour quelle raison le tua-t-il? Parce que ses œuvres étaient mauvaises, et que celles de son frère étaient justes. (1 Jean 3;12.)

Abel, par sa foi, trouve la grâce de la part de Dieu, en maintenant la vérité, soit quant au jugement du péché, soit quant à son propre état devant Dieu. Il trouve aussi la justice, à laquelle, il ne s'était, sans doute, pas attendu. Mais si, d'un côté la grâce et la vérité sont inséparables, nous apprenons, en même temps, que la foi et la justice vont ensemble; et la parole prophétique s'accomplit: « La vérité germera de la terre, et la justice regardera des cieux» (Psaume 85;12). Dieu ne peut agir en grâce aux dépens de sa justice ; voilà pourquoi il faut un sacrifice pour un pécheur. Abel a compris cela, et ce qu'il a fait reste comme un exemple précieux pour tous. « Étant mort, il parle encore ». Dieu rend témoignage à sa foi.

Le grand principe, établi alors, est l'apanage de la foi. Et maintenant que les ombres et les types de l'Ancien Testament ont eu leur accomplissement dans le sacrifice de notre Seigneur Jésus Christ, fait une fois pour toutes, le Saint Esprit nous en fait comprendre la valeur et la précision.

Nous n'oublions pas que le sang d'aspersion de Jésus « parle mieux qu'Abel» (Hébreux 12;24) ; mais cela n'ôte rien à la valeur du témoignage fourni par les Écritures, dès le commencement de l'histoire de l'humanité. La différence entre les deux témoignages consiste en ceci, que l'offrande d'Abel regardait en avant vers le seul sacrifice qui est capable d'ôter les péchés, tandis que le sang de Christ nous dit que les péchés ont été déjà expiés. En conséquence, celui qui, par la foi, vient maintenant à Dieu, reçoit selon les richesses de sa grâce la rémission de toutes les fautes qu'il a commises (Éphésiens 1;7).

Nous le répétons, le grand principe de l'accès auprès de Dieu par la foi, et selon la justice, a été établi en Abel. A ce point de vue, sa foi est celle du croyant, aujourd'hui, comme l'apôtre l'exprime: « Du cœur on croit à justice, et de la bouche on fait confession à salut » (Romains, 10;10.) Quel bonheur pour nous de savoir que: « La grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ; » (Jean 1;17). Abel trouve la grâce sur le chemin de la vérité, et chacun de nous devrait en faire de même; car la franchise est le trait saillant d'un cœur vrai, dans la présence de Celui aux yeux duquel « toutes choses sont nues et découvertes » (Hébreux 4;13). C'est là ce qui fait la différence entre l'hypocrite et celui « dans l'esprit duquel il n'y a point de fraude » (Psaume 32;1-2).

Celui qui est ainsi « sans fraude », ne peut se passer de Dieu. Il est pécheur, il est vrai, mais le sacrifice est le moyen ordonné de Dieu pour répondre à cet état. Le sacrifice pour le péché sauvegarde la gloire de Dieu et sa justice, au moment où Il déploie les richesses de sa grâce en faveur du coupable.

Ce n'est pas à dire qu'Abel ait compris tout cela au moment d'offrir son sacrifice, mais il a joui de la satisfaction indicible d'être reçu de Dieu en grâce, alors que sa foi avait saisi le seul moyen pour entrer dans sa sainte présence. Et c'est ce qui provoque la jalousie de son frère, et fait naître chez lui la haine et la vengeance, nous rappelant ce qui est dit ailleurs: « Celui qui était né selon la chair persécuta celui qui était né selon l'Esprit; il en est de même maintenant » (Galates 4;29).

Les pensées de Caïn se concentrent sur lui-même; la gloire de Dieu ne le préoccupe pas; il ne tient aucun compte de ce que Dieu avait dit à ses parents, en les chassant du jardin d'Eden. Son idée unique est de se faire bien voir de Dieu par ses propres efforts, estimant qu'un travail est toujours digne d'une récompense. Naturellement il se sent tout déconcerté en voyant que Dieu n'a pas égard à son offrande: « il fut très irrité, et son visage fut abattu » (Genèse 4;5.)

Dans l'épître aux Romains (chapitre 4), l'apôtre montre que le salaire accordé au mérite, est l'opposé de la grâce: « A celui qui fait des œuvres, le salaire n'est pas compté à titre de grâce, mais à titre de chose due. » Cela nous humilie; nous trouvons difficile de l'accepter. En cela nous ressemblons tous à Caïn. Sa religion est celle du monde. Le pharisien qui priait dans le temple, était du même avis; il méprisait le publicain qui s'avouait « pécheur » (Luc 18;10-14). Et qu'ils sont nombreux ceux qui suivent cette voie-là ! Il n'y a pas de foi chez le pharisien qui cherche à établir sa propre justice (Romains 10; 3-4).

La grâce, au contraire, va avec la foi: « A celui qui ne fait pas des œuvres, mais qui croit en Celui qui justifie l'impie, sa foi lui est comptée à justice ». Et plus loin nous lisons : « Pour cette raison, c'est sur le principe de la foi, afin que ce soit selon la grâce », afin que la promesse immuable de Dieu soit assurée à tous ceux qui croient (Rom. 4;5, 16). Mais Caïn ne cherche pas la grâce; il ne la désire pas: il s'approche de Dieu avec ses mérites personnels. Rien d'étonnant alors qu'il soit mécontent et irrité de n'être pas agréé.

Il y a cependant, pour lui aussi, une porte ouverte à la grâce, s'il veut en profiter. Dieu lui adresse la parole: « Pourquoi es-tu irrité, et pourquoi ton visage est-il abattu ? Si tu fais bien ne seras-tu pas agréé ? Et si tu ne fais pas bien, le péché (ou, « un sacrifice pour le péché ») est couché à la porte. Il en est de même pour chacun de nous, comme pour les pharisiens de tous les temps, dont Saul de Tarse est l'un des plus remarquables.

L'exemple d'Abel pouvait bien servir à son frère; mais pour celui-ci, hélas, il y avait l'humiliation de reconnaître qu'il avait fait fausse route; en outre, il avait été le premier à penser à une offrande. Tout cela est trop pour son orgueil. Il ne peut supporter de prendre la dernière place. Les paroles de Dieu font peser la vérité sur sa conscience, mais la grâce contenue dans ces paroles, l'irrite plus que le fait de ne pas avoir été agréé. Dès lors, il saisit la première occasion pour se débarrasser de l'objet de son humiliation; il tue son frère !

Puisse chacun de nous y faire attention ! N'est-ce pas là le résultat déplorable d'avoir suivi nos propres pensées plutôt que celles de Dieu ? Les persécuteurs des croyants dans tous les âges, sont du parti de Caïn. Pour peu que la conscience agisse, on fait des efforts pour la tranquilliser. Il y a devant nous deux voies ouvertes, l'une, qui consiste à s'humilier, reconnaissant ses fautes, et à chercher une ressource en Dieu, l'autre à se défaire de tous ceux qui, par leur seule présence, rendent témoignage à la grâce qu'ils ont trouvée auprès de Dieu. Caïn prend ce dernier parti. Mais il oublie que Dieu peut le trouver et lui infliger le châtiment mérité.

Or Dieu ne se plait pas dans le jugement, mais le temps viendra où toutes choses seront manifestées selon leur vrai caractère, comme Dieu les voit. Il « amènera toute œuvre en jugement, avec tout ce qui est caché, soit bien, soit mal » (Ecclésiaste 12;14). Dieu dit à Caïn : « La voix du sang de ton frère crie de la terre à moi; et maintenant, tu es maudit de la terre qui a ouvert sa bouche pour recevoir de ta main le sang de ton frère ». Bien des siècles après, le prophète Esaïe s'écrie: « Voici, l'Éternel sort de son lieu pour visiter l'iniquité des habitants de la terre sur eux, et la terre révélera son sang, et ne cachera plus ses tués » (chap. 26;21).

En attendant, Abel devient un type du Seigneur Jésus Christ, mis à mort par ceux qu'Il était venu chercher et sauver. Ils ne l'ont pas reconnu comme leur Messie promis, ni n'ont compris sa lamentation lorsqu'Il entrait dans Jérusalem monté sur l'ânon: « Si tu eusses connu, toi aussi, au moins en cette tienne journée, les choses qui appartiennent à ta paix. Mais maintenant elles sont cachées devant tes yeux. Car des jours viendront sur toi, où tes ennemis t'entoureront de tranchées, et t'environneront, et te serreront de tous côtés, et te renverseront par terre, toi et tes enfants au-dedans de toi; et ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n'as pas connu le temps de ta visitation » (Luc 19;41-44).

Tout cela s'est accompli à la lettre quarante ans plus tard, les horreurs du siège de Jérusalem étant accompagnées d'atrocités et de souffrances dont on ne trouve guère de pareilles dans les annales des peuples.

Mais les pensées du Dieu de toute grâce se sont accomplies aussi, et le salut est offert à chaque pécheur qui, dans ce « temps agréable », s'approche de Dieu avec humilité pour réclamer son pardon à cause de ce que Christ a souffert à la croix.

Le Seigneur Jésus n'a pas caché à ses disciples les conséquences de Le suivre ici-bas ; et en cela, Abel est un exemple de ce que beaucoup de chrétiens ont expérimenté, comme on a souvent dit : « Le sang des martyrs est la semence de l'Eglise. » Nous ne sommes pas aujourd'hui dans un temps de persécution ; mais pour cette raison aussi, chacun devrait avoir pour principe de suivre une marche sainte, agréable au Rédempteur qui a dit « à TOUS » : « Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il se renonce soi-même, et qu'il prenne sa croix chaque jour, et me suive: car quiconque voudra sauver sa vie la perdra ; et quiconque perdra sa vie pour l'amour de moi, celui-là la sauvera. Car que profitera-t-il à un homme de gagner le monde entier, s'il se détruit lui-même ou se perd lui-même ? Car quiconque aura honte de moi et de mes paroles, le Fils de l'homme aura honte de lui quand Il viendra dans sa gloire et dans celle du Père et des saints anges » (Luc 9; 23-26).

Puisse chacun de nos lecteurs, se trouver avec Lui, dans le jour de sa gloire, étant déjà sauvé par sa grâce dans le temps actuel de la patience de Dieu !

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Auteur inconnu