« ABRAHAM CRUT DIEU »

Genèse 15; Romains 4; Hébreux 11;18-19.)

La possibilité d'être amené dans une relation personnelle avec Dieu ne serait jamais venue à notre esprit, s'Il ne s'était révélé lui-même.

L'histoire d'Abraham nous fait voir comment Dieu vient se faire connaître à son âme comme une personne vivante, le faisant sortir après Lui hors de son pays et de sa parenté.

Désormais toutes les pensées d'Abraham devront tirer leur caractère de son association avec le Dieu vivant, qui lui promet d’être « son bouclier et sa très grande récompense. » Abraham n'avait pas d'autre mobile d'action que la foi en la parole de Dieu. Combien ne dut-il pas paraître insensé aux yeux de ses relations mondaines, tandis qu'il s'en remettait aux soins de quelqu'un qu'il ne voyait point, et en qui eux ne croyaient pas !

Tout alla bien pour lui aussi longtemps qu'il se confia en Dieu qui agissait en sa faveur; il n'en fut plus ainsi dès qu'il tenta d'arranger les choses lui-même. C'est ce qui est arrivé lorsqu'il prit avec lui son père, Térakh, et son neveu, Lot; Dieu n'avait point appelé ceux-ci. L'appel était personnel: «Sors de ton pays, et de ta parenté, et de la maison de ton père. » Mais Abraham ne fut pas disposé à tout abandonner; aussi dut-il s'arrêter d'abord à Charan jusqu'à la mort de Térakh, et plus tard il fut obligé de se séparer de Lot. Ce n'est qu'après cela que nous le voyons faire des progrès.

Notons au verset 8 du chapitre 11 des Hébreux, l'expression: « Il s'en alla ne sachant où il allait. » C'est l'épreuve à laquelle Dieu soumettait sa foi. Rien ne nous contrarie autant que l'incertitude. Nous n'aimons pas à être tenus en suspens. Il y a du soulagement dans une certitude, fût-elle même cruelle. C'est pour cela précisément que Dieu trouve bon de nous exercer par le moyen de l'inconnu. Il ne veut pas que nous sachions à l'avance quand et comment ses riches promesses devront s'accomplir; il n'y aurait plus ainsi d'exercice de foi. Voilà pour nous, la valeur de ce récit.

Dieu avait dit à Abraham que sa postérité serait « comme les étoiles du ciel. » Comment cela pourrait-il se faire, attendu qu'il n'avait point d'enfant? Il possédait tout sauf cela. De l'argent et de l'or, des troupeaux et des tentes ; il avait même trois cents serviteurs nés dans sa maison. Mais qui allait hériter de tous ces biens ? Naturellement cette question devait souvent se poser à son esprit. Sara, sa femme, essaya à sa façon de le tirer de cette difficulté, en introduisant artificieusement un enfant dans la maison, mais celui-là n'était pas le fils promis de Dieu.

Ne retrouvons-nous pas en Sara notre portrait ? N'ayant pas la patience d'attendre le moment choisi de Dieu pour accomplir ses pensées, nous avançons la main afin de prendre, ce qui sera pour nous un objet de chagrin et une perte spirituelle. Si nous nous étions attendus à Dieu, comptant sur Lui, Il nous aurait donné quelque chose d'infiniment meilleur que ce pauvre fruit de notre impatience.

Le compte-rendu succinct donné d'Abraham dans l'Épître aux Hébreux le présente comme maintenant le vrai caractère de pèlerin: il habitait sous des tentes. Une maison convient à un séjour prolongé dans un lieu fixe du pays de Canaan ; la tente est pour le désert. Lorsque le peuple d'Israël traversait le désert. Dieu habitait un tabernacle au milieu du camp. En Canaan, il aura une maison, un temple.

Abraham demeura fidèle au caractère de pèlerin; Lot ne le fit pas. Celui-ci planta sa tente d'abord du côté de Sodome, et en peu de temps, il eut une maison dans la ville. Il s'y établit et y reçut de l'honneur, triste position pour un croyant au milieu d'un monde qui ne craint pas Dieu! Abraham avait les yeux arrêtés sur une cité bien différente, dont « Dieu est l'architecte et le fondateur. » En attendant, il garde sa tente et son autel.

Éprouvé, Abraham refusa de rien recevoir du roi de Sodome, « depuis un fil jusqu'à une courroie de sandale », afin que ce roi mondain ne pût pas dire: « J'ai enrichi Abraham. » C'était de la foi; il regardait à Dieu. Aussi Dieu saisit l'occasion pour lui dire : « Je suis ton bouclier et ta très grande récompense. » Toutes les fois que pour l'amour de Christ nous sommes rendus capables de renoncer à ce qui plaît à la nature, il y a une nouvelle bénédiction toute préparée dans une révélation plus claire de Lui-même à notre âme. Un peu plus de place y est faite au Seigneur ; en la déchargeant d'autres objets de peu de prix. Nous réalisons alors la grandeur de la promesse de Jean 14;23 : « Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera; et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui. »

Quelle muraille de feu le Seigneur n'est-Il pas pour l'âme qui est séparée du monde pour être à Lui ! (Voyez Zacharie 2;5.) Il nous donne de trouver un appui inattendu, une force nouvelle dans le sang de Christ. Nous a-t-Il parlé de sa gloire et annoncé les bénédictions réservées aux cohéritiers de Christ, pour que nous y tournions le dos, en nous occupant des choses d'ici-bas ? Sa patrie ne sera-t-elle pas notre patrie ? Et en attendant de nous y trouver avec Lui, ses compagnons ne seront-ils pas nos compagnons tout le long de la route ? Et ne serons-nous pas contents de rester comme étrangers ici-bas, confessant, par notre allure et par nos voies, que nous sommes pèlerins, ne cherchant point les choses que la nature humaine estime à un si haut prix ? Cette indifférence pour les attractions par lesquelles tant d'âmes se laissent étourdir et aveugler est un fruit de la foi; mieux que des paroles, elle démontre que notre pensée est de traverser cette scène en hâte, nous dirigeant vers un meilleur pays; puis chemin faisant, nous n'avons rien à choisir pour nous-mêmes, notre bonheur étant de tout recevoir directement de Dieu.

Quelque chose d'attrayant, qui appartient à la vie actuelle, nous est-il présenté ? La question devrait s'élever: «Est-ce que mon Père me le donne ? Sinon, je n'en ai pas besoin. » Si je suis un vrai pèlerin, je ne songerai pas à m'établir dans un monde qui a haï Christ; je dirai plutôt: « Ce ne peut être un don de Dieu pour moi; ce n'est pas assez bon. Dieu « a préparé pour moi une cité » ; quant à moi, je vais à la maison, et en attendant, je veux garder mon esprit et mon cœur libres pour Celui qui m'a aimé et qui s'est donné Lui-même pour moi.»

Nous ne lisons jamais que Dieu s'appelle le Dieu de Lot. Dans un sens, il était certes le Dieu de Lot aussi bien que le Dieu d'Abraham; mais Il ne pouvait pas associer Son saint nom avec Sodome, dont Lot était citoyen. Il n'a pas honte d'être appelé le Dieu d'Abraham, c'est-à-dire, de ceux qui sont pèlerins et étrangers. Dans sa grâce, Il veut bien associer son nom au leur; et Il veut, en l'éprouvant, confirmer leur foi.

L'épreuve à laquelle Dieu soumit Abraham, en lui demandant le sacrifice de son Isaac est très remarquable. Il voulait voir si Abraham se reposait entièrement sur la promesse ou non. Il nous éprouve souvent de la même manière. Quelle bénédiction quand la foi qu'Il a donnée, mise à l'épreuve, ne fait pas défaut ! Notre foi est éprouvée de plusieurs façons. Savons-nous ce que c'est que d'être tenus en suspens ? Nous chercherions quelque appui pour nous aider; Dieu l'envisage comme une entrave, et le retire, afin qu'Il puisse agir en notre faveur sans empêchement.

En un mot, qu'est-ce que marcher avec Dieu ? C'est dépendre de sa parole, tout en étant tenu en suspens, ne prenant rien jusqu’à ce que Dieu nous le donne, vivant ici-bas comme un étranger et un voyageur, regardant à la gloire qui est devant nous. Heureuse expérience ! Fasse le Seigneur que ce soit la nôtre!

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Auteur inconnu