« EN TRAIN »

Le rapide quitte L... à 7 heures du soir ; il fait très froid. Nous sommes en seconde, au complet : quatre jeunes gens 17 à 20 ans, assez remuants, un monsieur et sa femme, une dame et moi.

L'un des jeunes gens, au moment du départ, ouvre toute grande la fenêtre.

Un courant d'air glacial : le monsieur et la dame qui le reçoivent en plein n'osent rien dire ; mais la dame, à mon côté, s'adresse au jeune homme :

-Vous ne trouvez pas qu'il fait froid ? -Non... Moi, j'ai trop chaud, et je crains la chaleur...

C'est le moment de commencer une réunion d'évangélisation !

Je ne parle pas au jeune homme, et je ne le regarde pas, mais je m'adresse à cette dame :

-Madame, quand j'avais l'âge de ce jeune homme, j'étais comme lui: j'aimais le grand air, je me mettais à la portière par les plus grands froids, mais quand je voyais que cela gênait, et que cela pouvait faire prendre mal à une personne âgée, alors, je fermais la portière, et vous allez voir que ce jeune homme fera ce que je faisais, car il est trop gentil pour ne pas le faire ;

Au même instant, ce jeune homme se leva, et ferma le carreau.

Alors, je me tournai vers lui et lui dis :

-Puisque vous avez été si aimable, je vais vous raconter une histoire !

Grande attention de tous :

-Je voyageais un jour avec un gros monsieur qui avait ouvert son carreau par un temps glacial ; et, à son côté, il y avait un autre monsieur maigre, et transi, qui lui dit:
-Mais, Monsieur, en laissant ainsi ouvert, vous ne voyez pas que vous allez me faire attraper une fluxion de poitrine ?
-Et moi, Monsieur, vous ne voyez pas qu'en fermant, je puis attraper une attaque d'apoplexie foudroyante ?

Je les mis d'accord en leur disant :

-Fermez le carreau à moitié: comme cela Monsieur n'aura pas de fluxion de poitrine et Monsieur ne risquera pas d'avoir une attaque d'apoplexie !

On rit. La glace est brisée !

-Eh bien! jeune homme, on va agir ainsi, pour que vous n'ayez pas trop chaud, en ouvrant la porte du couloir, ce qui donnera un peu d'air.
-Il m'est arrivé un autre incident de train, comique, ajoutai-je.

Tout le monde écoute avec un vif intérêt :

-Une brave femme monta avec moi à Tournemire : j'allais au Vigan. Elle s'assit en face de moi, sans rien dire, mais une fois le train parti, elle me demanda :
- Pardon, Monsieur, c'est bien le train de Saint-Affrique ?
-Mais non, Madame, vous êtes montée dans le train du Vigan.
-Quel malheur ! Quel malheur ! Et que vais-je faire, mon bon Monsieur ?
-Descendez à la première station qui est à

six kilomètres de Tournemire, et vous tâcherez de vous y rendre; sans cela, vous allez sur Le Vigan.

Je lui dis alors :

-Mais, Madame, pourquoi n'avez-vous pas demandé le train de Saint-Affrique, parmi les quatre trains en gare ?

Et voici sa réponse inoubliable :

-Monsieur m'a paru convenable, je suis montée avec lui !
-Malheureusement pour vous, lui dis-je, tous les messieurs convenables ne vont pas à Saint-Affrique, et je vais au Vigan

. Tout le compartiment riait aux éclats. Je leur dis alors :

-Vous riez de la naïveté de cette femme ; mais n'agissez-vous pas aussi légèrement quand il s'agit du grand voyage de l'au-delà, et savez- vous où vous irez quand vous quitterez cette terre? Vous contentez-vous d'avoir une religion «convenable?» Il faut aussi, dans ce domaine, des certitudes, et non pas, des « je pense» ou des « peut-être», mais des « je sais» et « je ne puis me tromper.»

Jésus Christ apporte cette certitude : Pendant plus d'une heure, j'ai pu annoncer, dans un silence émouvant, le pur Évangile, écouté par tous. Je leur ai donné un traité, renfermant des faits, et un appel : chacun le lut et me remercia ; et, à Paris, tous me remercièrent en me serrant la main et en disant : « Le voyage a été court, et on a entendu de bonnes choses.»

Dans un autre rapide, plusieurs personnes écoutaient debout, dans le couloir : anecdotes, faits, prédication ; un contrôleur a suspendu une demi-heure son contrôle, manifestant son intérêt à ce qu'il entendait et il a noté l'adresse où il pourrait acheter le Nouveau Testament.

Partout, partout, on écoute avec intérêt la vieille, vieille histoire de l'amour de Jésus.

«Car, si j’évangélise, je n’ai pas de quoi me glorifier, car c’est une nécessité qui m’est imposée, car malheur à moi si je n’évangélise pas» (1 Corinthiens 9;16.)

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Auteur inconnu