« ÉTIENNE et SAUL »

Avant son Ascension auprès du Père, le Seigneur Jésus, voulant consoler ses chers disciples qu'Il devait laisser dans ce monde, ne manqua pas de les entretenir de l'avenir. Il leur montra que son départ leur serait «avantageux» et qu'Il allait leur envoyer le Saint Esprit.

Ce fait remarquable peut bien servir à nous faire comprendre l'importance et le privilège immense de recevoir « le Consolateur. » Nous pourrions croire, comme les disciples, que le départ du Seigneur Jésus était pour eux un terrible désastre, et que, d'autre part, il n'y avait pas de privilège plus grand que celui de voir et d'entendre le Sauveur. Mais, pour tirer profit de la présence de Jésus ici-bas, l'enseignement du Saint Esprit est nécessaire. Il fallait aussi son opération dans l'âme des disciples, afin d'y produire une intelligence efficace de ce qu'ils avaient vu et entendu, tout grand qu'ait été ce bonheur (Luc 10;23-24.)

En lisant aujourd'hui les Evangiles sous la direction de l'Esprit Saint, nous constatons que cette intelligence faisait défaut aux disciples du Seigneur, pendant qu'Il était avec eux. C'est à peine s'ils pouvaient comprendre même les choses qui nous paraissent simples; ils ne croyaient pas à la possibilité de la mort du Sauveur, malgré son insistance sur les souffrances qui l'attendaient ; et, bien qu'Il leur eût parlé en termes précis de sa résurrection, ils furent étonnés d'en constater les effets (Luc 24;12 ; Jean 20;1-9.) Ils n'en comprenaient pas encore l'absolue nécessité pour le salut de l'âme. Il en est de même pour nous. Les choses de Dieu, présentées par le Saint Esprit, ne peuvent se discerner que spirituellement, c'est-à-dire par son opération (1 Corinthiens 2;10-16.)

Pour les disciples, il y avait, en outre, des choses se rattachant à la position du Seigneur Jésus dans la gloire, qu'ils « ne pouvaient supporter », tant que Jésus restait avec eux (Jean 16;12.) Car sa mort et sa résurrection étaient pour des pécheurs, la seule porte d'entrée dans la jouissance de la relation avec le Père, relation que le Fils était venu faire connaître ici-bas.

À cause de tout cela, Jésus leur disait : « Maintenant je, m'en vais à celui qui m'a envoyé, et aucun d'entre vous ne me demande : Où vas-tu ? Mais parce que je vous ai dit ces choses, la tristesse a rempli votre cœur. Toutefois, je vous dis la vérité: Il vous est avantageux que moi je m'en aille; car si je ne m'en vais, le Consolateur ne viendra pas à vous: mais si je m'en vais, je vous l'enverrai » (Jean 16;5-7.) Puis Il ajoute: « J'ai encore beaucoup de choses à vous dire; mais vous ne pouvez les supporter maintenant. Mais quand celui-là, l'Esprit de vérité, sera venu, il vous conduira dans toute la vérité: car il ne parlera pas de par lui-même ; mais il dira tout ce Qu'il aura entendu, et il vous annoncera les choses qui vont arriver. Celui-là me glorifiera ; car il prendra de ce qui est à moi, et vous l'annoncera. » Rien de plus important donc que la présence du Saint Esprit sur la terre, mais elle ne change rien quant à l'objet de la foi et du cœur du croyant. Jésus avait dit: «Vous croyez en Dieu, croyez aussi en MOI » (Jean 14;1) ; et plus tard le Saint Esprit présente Jésus comme objet de la foi: «Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé » (Actes 16;31.) La mort d'Étienne et la conversion de Saul de Tarse en sont aussi une confirmation remarquable.

Les apôtres prêchaient Jésus, sa mort et sa résurrection, ce qui ne tarda pas à susciter contre eux une grande persécution, laquelle trouva bientôt l'occasion de concentrer sa fureur sur la personne d'Étienne.

Cité devant le Sanhédrin, grand concile de la nation, il adresse aux chefs politiques et religieux des Juifs un discours plein de clarté et de puissance, leur reprochant d'avoir mis le comble aux péchés de leurs ancêtres, persécuteurs des prophètes, en résistant à l'Esprit Saint et en mettant à mort «le Juste », le Prince de la vie. C'en était trop! Les membres du concile, frémissant de rage, grinçaient les dents contre lui; mais lui, étant plein de l'Esprit Saint, et ayant les yeux attachés sur le ciel, vit la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu; et il dit: «Voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu. » Alors, criant à haute voix, ils bouchent leurs oreilles, et d'un commun accord ils se précipitent sur lui, et le traînent hors de la ville pour le lapider, tandis que, à l'exemple du Seigneur, il prie pour ceux qui le mettent à mort. Remettant son esprit entre les mains de son Sauveur qu'Il contemplait, il se met à genoux, et crie à haute voix: « Seigneur ne leur impute point ce péché » (Actes 7;51-60.)

Parmi ceux qui le lapidaient, il y avait un jeune homme nommé Saul, qui « consentait à sa mort.» Ce devait être le premier pour lequel la prière du martyr porterait ses fruits: lui aussi devait voir Jésus.

En effet, il y eut alors une persécution à Jérusalem, et tous, sauf les apôtres, furent dispersés un peu partout. De son côté Saul ravageait l'Assemblée, « entrant dans les maisons, et, traînant hommes et femmes, ils les livrait pour être jetés en prison. » Dans cette intention, il était allé demander des lettres au souverain sacrificateur pour la ville de Damas, où il voulait rechercher les croyants, afin de les amener liés à Jérusalem. Comme il le confessa plus tard devant le roi Agrippa, tous ceux qui s'étaient tournés vers le Seigneur n'avaient à espérer de sa main que la prison ou le supplice de la mort.

Rempli de ces tristes dispositions, et croyant montrer du zèle pour la religion de ses pères, « respirant menace et meurtre contre les disciples du Seigneur » il ne pensait pas que le Seigneur était plus fort que lui. Il raconte lui-même que, comme il était en route sur le chemin de Damas, une lumière brilla tout à coup du ciel, comme un éclair autour de lui. Étant tombé par terre, il entendit une voix qui lui disait: Saul ! Saul ! pourquoi me persécutes-tu? C'étaient des accents de tendresse, mais quel changement ils produisirent chez le pharisien zélé ! C'en était fait de sa gloire; la grande lumière l'avait laissé aveugle. Renversé de son piédestal de religiosité, de propre justice, il se trouve sans force aux pieds de Jésus, et il Lui demande : «Que dois-je faire, Seigneur ? » Quand il se relève, ne voyant toujours personne, ne voyant plus même la lumière, il doit se laisser conduire à cette ville de Damas, où il reste trois jours sans manger ni boire. Mais le Seigneur veille sur lui, et lui envoie l'un de ses disciples pour qu'il recouvre la vue, et qu'il soit rempli de l'Esprit Saint.

À partir de ce moment, Saul de Tarse devient le serviteur le plus dévoué de Celui que, jusque là, il avait persécuté dans la personne de ses disciples. Merveilleux exemple de l'effet de voir le Seigneur, alors que la gloire de sa face brille sur ceux qui sont « dans l'ombre de la mort. » Un jour cet homme, écrivant aux chrétiens de Corinthe, leur dira: « Je suis le moindre des apôtres, moi qui ne suis pas digne d'être appelé apôtre, parce que j'ai persécuté l'assemblée de Dieu, mais par la grâce de Dieu, je suis ce que je suis; et sa grâce en vers moi n'a pas été vaine, mais j'ai travaillé beaucoup plus qu'eux tous, non pas moi toutefois, mais la grâce de Dieu qui est avec moi.»

Plus tard encore, écrivant à « son fils » Timothée, il dit: « Je rends grâce au Christ Jésus, notre Seigneur, qui m'a fortifié, de ce qu'Il m'a estimé fidèle, m'ayant établi dans le service, moi, qui auparavant étais un blasphémateur, et un persécuteur, et un outrageux ; mais miséricorde m'a été faite, parce que j'ai agi dans l’ignorance, dans l'incrédulité » (1 Timothée 1;12-13.)

Ne peut-on pas dire que l'apôtre Paul, comme, il s'appelait ensuite, a commencé sa carrière où Étienne finit la sienne, le Seigneur Jésus dans la gloire de Dieu remplissant son âme selon l'efficacité du Saint Esprit. Étienne vit les cieux ouverts pour constater que le Fils de l'homme y était «à la droite de Dieu », tandis qu'à Saul de Tarse, le Seigneur fit comprendre qu'Il envisageait les saints persécutés, comme identifiés avec lui-même. Ce fait merveilleux est la base du « mystère du corps de Christ» révélé plus tard, savoir que les Gentils autant que les Juifs allaient participer à toutes les bénédictions découlant de la gloire actuelle du Christ, son œuvre de rédemption étant accomplie une fois pour toutes (Voyez Éphésiens 3;2-12.) La « grande lumière» avait brillé. C'est elle qui, tout en manifestant la nécessité que nous avons de la grâce, nous en fait connaître aussi la mesure.

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Auteur inconnu