REPENTANCE

« C'est pourquoi... avançons vers l'état d'hommes faits, ne posant pas de nouveau le fondement de la repentance des œuvres mortes et de la foi en Dieu...» Hébreux 6;1.

« Méprises-tu les richesses de sa bonté, et de sa patience, et de sa longue attente, ne connaissant pas que la bonté de Dieu te pousse à la repentance ?» Romains 2; 4.

« Et ils dirent... : Que ferons-nous ? Et Pierre, répondant, leur dit : Repentez-vous...» Actes 2;37, 38.

« Converti-moi, et je serai converti, car tu es l'Eternel mon Dieu. Car après que j'ai été converti, je me suis repenti; j'ai été honteux...»

La repentance est l'une des doctrines fondamentales de la Bible mais c'est aussi l'une des plus mal comprises. Les définitions qu'on en donne généralement sont bien étranges et bien erronées.

Personne n'est prêt à recevoir et à croire l'Évangile à moins d'être prêt aussi à se repentir de ses péchés et à s'en détourner. Avant de rencontrer Jésus, Jean Baptiste n'avait qu'un seul discours : « Repentez-vous, car le royaume des cieux s'est approché» (Jean 3;12.) Mais, s'il avait continué à répéter cette parole, sans jamais montrer au peuple « l'Agneau de Dieu», son œuvre aurait été imparfaite.

Quand Jésus parut, Il s'empara de la même déclaration ; « Repentez-vous, car le royaume de Dieu s'est approché» (Matthieu 4;17.) Et quand Il envoya ses disciples pour prêcher, ce fut avec le même message: « Ils prêchèrent qu'on se repentit» (Marc 6;12.)

Après qu'Il eut été glorifié, quand le Saint Esprit fut envoyé du ciel, nous retrouvons Pierre le jour de la Pentecôte, faisant entendre le même cri: « Repentez-vous.» Et ce fut cette prédication, la repentance et la foi en l'Évangile, qui produisit de si merveilleux résultats (Actes 2;38, 47.) Paul à Athènes n'a pas d'autre thème que Pierre à Jérusalem: « Dieu ordonne maintenant aux hommes que tous, en tous lieux, ils se repentent» (Actes 17;30.)

Avant de dire ce qu'est la repentance, j'expliquerai brièvement ce qu'elle n'est pas.

La repentance n'est pas LA CRAINTE. Bien des personnes confondent ces deux choses. Ils s'imaginent qu'ils doivent être alarmés, terrifiés ; ils attendent qu'une sorte de frayeur s'empare d'eux. Mais il y a une multitude de gens alarmés qui ne se repentent pas. Que de matelots dans la tempête crient miséricorde à Dieu, pour recommencer une fois la peur passée, à jurer et à se mal conduire ! Ce n'était pas la repentance mais la peur qui les faisait crier.

Souvent lorsque la mort frappe dans une famille, il semble que tous les membres qui restent vont se convertir. Mais six mois ne se sont pas écoulés que tout est oublié.

La repentance n'est pas non plus UNE IMPRESSION. Bien des gens s'attardent à éprouver une émotion extraordinaire; ils voudraient «se donner à Dieu», mais ils n’osent le faire avant de l’avoir ressentie.

À Baltimore, un chrétien prêchait chaque dimanche à neuf cents criminels dans la prison. Il n'y avait pas un seul homme, dans cet auditoire, qui ne se sentit misérable; pendant la première semaine de leur séjour dans la prison, ils avaient tous passé la moitié de leur temps à pleurer. Pourtant, si on leur eût donné la liberté, la plupart seraient retournés à leurs mauvaises actions. Au fond, ils se sentaient malheureux parce qu'ils avaient été pris, voilà tout.

La repentance n'est pas davantage LE JEÜNE ET LA MACÉRATION. Un homme peut jeûner pendant des mois et des années, et, loin d'abandonner son péché, faire de ses pénitences une raison pour persévérer dans le mal.

La repentance n'est pas le REMORDS. Judas eut des remords ; il en eut de si terribles qu'ils le poussèrent au suicide : cependant il ne s'était pas repenti. Je crois que s'il fût revenu vers son Maître, s'il se fût jeté à ses pieds et lui eût demandé grâce, il eût été pardonné. Au lieu de cela, il alla vers les sacrificateurs, puis il se pendit. Toutes les pénitences du monde n'impliquent pas la vraie repentance. Souvenez-vous bien que vous ne pouvez payer les péchés de votre âme avec les douleurs de votre chair. Chassez cette dangereuse et coupable illusion.

La repentance n'est pas la CONVICTION DE PÉCHÉ. Ceci peut paraître étrange, mais ce n'est que trop vrai. J'ai vu des hommes si profondément convaincus de leur péché qu'ils n'en pouvaient dormir, ni manger, ni boire. Ils restaient des mois entiers dans cet état, mais ils ne se convertissaient pas.

PRIER n'est pas se repentir. Cela aussi peut paraître étrange, et pourtant bien des personnes, désireuses d'être sauvées, se confient vainement dans leurs prières et dans la lecture de la Bible, s'imaginant que cela tient lieu de repentance. On peut crier à Dieu et ne s'être point converti.

Qu'est-ce donc, me demanderez-vous, que la repentance ?

Je vous en donnerai la définition en langage militaire : c'est ce que les soldats appellent un DEMI-TOUR À DROITE. C'est changer absolument de direction ; c'est m'archer dans le sens opposé à celui que l'on a suivi. Peu importe qu'un homme soit heureux ou malheureux dans le péché, qu'il en souffre ou n'en souffre pas: la grâce de Dieu a pour premier effet de l'en détourner. La repentance, c'est ce changement d'esprit ou de détermination.

Prenons par exemple cette parabole racontée par le Seigneur : « Un homme avait deux enfants ; et venant au premier, il dit : Mon enfant, va aujourd'hui travailler dans ma vigne. Et lui, répondant, dit : Je ne veux pas ; mais, après, ayant du remords, il y alla » (Matthieu 21;28, 29.) Ayant dit non, il réfléchit et changea d'avis. Peut-être se dit-il : « Je n'ai pas parlé respectueusement à mon père, il m'a demandé d'aller travailler et j'ai refusé ; j'ai eu tort. » Mais supposez qu'il eût ainsi parlé et s'en fût tenu là, il ne serait pas repenti. Non seulement il demeura convaincu qu'il avait eu tort, mais il s'en alla aussitôt à La vigne pour y travailler. Voilà comment le Seigneur définit la repentance.

Si quelqu'un dit : « Par la grâce de Dieu, j'abandonne mon péché et je ferai désormais sa volonté», celui-là se repent.

D.-L. M.

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