LA CATASTROPHE DE SAN-FRANCISCO

Après la récente catastrophe de Courrières, après la nouvelle éruption du Vésuve, voici qu'un autre malheur, plus terrible encore que les premiers, vient de fondre sur une des contrées les plus riches et les plus prospères du Nouveau Monde: un tremblement de terre a transformé en monceaux de ruines San-Francisco, immense cité de 500.000 habitants, atteignant aussi les villes moins importantes des alentours, faisant, ici et là, d'innombrables victimes et causant d'irréparables dommages.

Le 18 avril 1906, au matin, par la première secousse, la plupart des habitants de la grande ville américaine se trouvaient projetés hors de leurs lits ; puis, sentant que leurs maisons qui vacillaient, allaient s'écrouler sur eux, ils se précipitaient affolés et à demi vêtu dans les rues. Là encore, le sol tremblait sous leurs pieds, et craignant d'être tués par la chute des maisons; ils couraient toujours et finalement se réfugiaient dans les parcs. On dit que beaucoup moururent de frayeur, croyant voir la terre s'entrouvrir pour les engloutir, tandis que de grandes crevasses sillonnaient les rues, et que les édifices s'effondraient. Les femmes criaient, et, dans l'obscurité, appelaient ou cherchaient leurs enfants ou leurs maris. Tous les réverbères étaient éteints, les tuyaux de gaz ou les fils électriques ayant été rompu, aussi attendait-on le jour avec anxiété, quand une gigantesque lueur s'éleva d'un des plus beaux quartiers de la ville, annonçant que le feu avait éclaté, l'embrasement augmentant toujours, excité par le vent. On ne pouvait essayer de l'éteindre, car les conduites d'eau avaient été rompues comme celles du gaz. L'incendie continua les jours suivants, achevant la destruction de cette grande cité naguère si prospère.

Les habitants que la mort avait épargnés, cherchèrent leur salut dans la fuite vers les montagnes ou à la mer. La panique devint générale et comme les moyens de transport manquaient, on devine dans quel désordre dut se faire cet exode de la population. Le désir que les malheureux avaient d'emporter quelque bien, quelques effets de première nécessité ramassés à la hâte, arrêta encore leur fuite, et enleva à beaucoup le dernier espoir de salut.

Les témoins oculaires racontent des scènes poignantes. Des malheureux qui étaient occupés à sauver des blessés que le feu allait achever, proféraient des malédictions contre des voitures qui passaient sans vouloir leur porter secours, parce qu'elles étaient chargées d'or ou d'objets de valeur. Un homme emprisonné sous des ruines que le feu menaçait supplia qu'on le tuât et un passant y consentit. La catastrophe ayant détruit les provisions, le manque de vivres amena la famine pour tous ceux qui ne pouvaient fuir et qui avaient tout perdu. Ainsi, le tremblement de terre, l'incendie, la famine, ont tué ou réduit à la détresse des milliers d'êtres sans abri, et la plupart peut-être sans espérance en un Dieu vivant.

Grâces à Dieu, il y a une espérance pour ceux qui savent qu'au-dessus de cette terre qui tremble ou qui se fend, au-dessus de ces édifices qui s'écroulent ou qui sont consumés par le feu, au-dessus des tristesses et des deuils, il y a Celui qui a créé toutes choses, et à qui tous les éléments de la nature obéissent. C'est Lui, qui, dans son amour pour l’homme, Sa créature, a donné son Fils unique, « afin que quiconque croit en Lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle » (Jean 3;16.) « Ce n'est pas volontiers qu’Il afflige et contriste les fils des hommes » (Lamentations 3;33.) Quoi qu'en pensent les sceptiques qui, avec leur sourire railleur, disent, comme autrefois: « Il n'y a point de Dieu » (Psaume 14;1), toute conscience exercée admet que c'est pour leur profit que Dieu avertit les hommes. « L'Éternel ne prend pas plaisir en la mort du pécheur mais plutôt à ce que le méchant se détourne de sa voie et qu'il vive! » (Ézéchiel 33;11.)

Ces événements solennels nous amènent naturellement à penser à la destruction de Sodome et de Gomorrhe, ces deux villes dont les péchés ne pouvaient que provoquer un châtiment. Dieu ne veut pas qu'on l'oublie. Le jugement de Dieu pesa alors sur ces villes coupables; aujourd'hui il est suspendu sur la scène entière de ce monde, que l'incrédulité, comme une marée montante, envahit de plus en plus. Si le jugement du monde n'est pas encore exécuté c'est Dieu Lui-même qui retient l'épée, prête à tomber sur l'humanité coupable. Il est dit qu'Il ne veut pas qu'aucun périsse, « mais que tous viennent à la repentance » (2 Pierre 3;9).

Les hommes qui ont arrangé le monde pour y vivre sans Dieu, ne veulent pas voir que toutes ces catastrophes sont autant d'avertissements à revenir à Lui. Il faut que des malheurs les surprennent et les éprouvent, dans leurs affections et dans leurs biens terrestres, pour les engager à fuir la colère qui vient. Tant qu'ils prospèrent, ils ne voient pas que la civilisation, qui travaille sans cesse au bien-être de l'homme, est cependant toujours impuissante à empêcher ou à prévenir de tels désastres. Et quand ils se produisent d'une façon si inopinée; notre cœur méchant est tenté de s'endurcir et de ne voir là qu'un effet du hasard, ou des forces encore indomptées de la nature. Confiants en l'avenir; les hommes disent: «Demain sera comme aujourd'hui, et encore bien supérieur » (Ésaïe 56;12.)

Du temps de l’apôtre Pierre, il y avait des hommes qui raisonnaient ainsi. Cela donna lieu à l’avertissement suivant: «Aux derniers jours des moqueurs viendront, marchant dans la moquerie selon leurs propres convoitises, et disant: Où est la promesse de sa venue? Car depuis que les pères se sont endormis toutes choses demeurent au même état dès le commencement de la création. Car ils ignorent volontairement ceci, que, par la parole de Dieu, des cieux subsistaient jadis, et une terre tirée des eaux et subsistant au milieu des eaux, par lesquelles le monde d'alors fut détruit, étant submergé par de l'eau. Mais les cieux de maintenant sont réservés par sa parole pour le feu, gardés pour le jour du jugement et de la destruction des hommes impies» (2 Pierre 3;3-7.) Nous avons là une allusion évidente au déluge, dont la réalité dans le passé ne saurait être mise en doute par personne, puisque les savants eux-mêmes parlent sans cesse des animaux et des terrains antédiluviens. Il y a eu un jour où Dieu, en voyant le mal qui se faisait sur la terre, a dit : « J'exterminerai de dessus la face de la terre l'homme que j'ai créé » (Genèse 6;7.) Et Dieu détruisit l'ancien monde, sauf la famille de Noé dont le chef avait trouvé grâce devant Lui. Quatre siècles et demi plus tard, il détruisit les villes de Sodome et de Gomorrhe à cause du mal auquel se livraient les habitants de ces cités coupables.

L’histoire et la critique ne sauraient nier cela. Dans nos temps modernes, on a fait sortir de terre après dix-huit siècles, les villes d'Herculanum et de Pompéi que le Vésuve avait couverte de lave; et l'on est maintenant occupé à retirer des ruines de San-Francisco des centaines de corps de ces malheureuses victimes que la même mort a confondues ; mais quel sera, quel est le sort de ces âmes précipitées ainsi, en un clin d'œil, dans l'éternité? Ah, que deviennent les rêves, les espérances, les projets de celui qui est ainsi surpris?

« La terre et les œuvres qui sont en elle seront détruites entièrement. » La parole de Dieu nous le dit (2 Pierre 3;10). Tout ce que les hommes aiment et recherchent avec tant d'ardeur, tout ce pourquoi ils exposent leur santé, leur vie même; tout cela périra; tout sera brûlé. Et qui peut dire quand cela aura lieu ? Le moment où Dieu jugera ce monde est peut-être plus proche qu'on ne croit. Les catastrophes qui se répètent si souvent, et un peu partout, ne sont-elles pas des avant-coureurs du grand jugement, par lequel Dieu détruira ce monde ? Il est dit que quand les hommes diront «Paix et sûreté», alors une subite destruction viendra sur eux, « et ils n'échapperont point » (1 Thessaloniciens 5;3). Le jour du Seigneur vient « comme un voleur dans la nuit.» Ce sera subitement, et ce jour est proche, cher lecteur, croyez-le! En attendant, Dieu use de patience ; profitez-en.

Le Dieu, qui a tout créé, est le même qui, pour sauver sa créature perdue, a fait une œuvre bien plus merveilleuse encore que cette création que nous admirons dans son ensemble et dans ses infinis détails. Il a donné son Fils bien-aimé. Il l'a livré à la mort, et à la mort de la croix, la mort des malfaiteurs, afin de remplir le ciel de coupables pardonnés et rendus propres pour sa présence. À la croix, Jésus porta nos péchés.

Dieu, dans sa bonté infinie que nous avons tant de fois méprisée, Dieu ne se lasse pas d'inviter sa créature coupable à venir à Lui. Comme le père de « l'enfant prodigue » qui se réjouit de recevoir sou fils, ramené à la maison par le repentir, Dieu se réjouit quand un pécheur se tourne vers Lui. Si donc vos péchés vous ont tenu éloigné de Dieu jusqu'à ce jour, mon cher lecteur, oh! venez à Lui aujourd'hui, sans plus tarder ; venez à Lui, et vous trouverez le salut de votre âme, un salut accompli, la vie éternelle, la paix que vainement vous avez peut-être cherchée ailleurs. Si nous vous invitons, c'est parce que nous avons nous-même trouvé en Jésus, le Fils de Dieu, le Sauveur, la réponse à tous nos besoins!

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