Gagez vous?

Photo du traité (Gager vous?)

 
  • Quel parti prendre s'il est question de l'existence de Dieu?

  • Sommes-nous incapables de connaître s'il y a un Dieu?

  • Cependant, il est certain que Dieu est, ou qu'il n'est pas; il n'y a point de milieu.

  • Mais de quel côté pencherons-nous?

  • La raison n'y peut-elle rien déterminer?

Il y a un chaos infini qui nous sépare. Il se joue un jeu à cette distance infinie, où il arrivera pile ou face. Que gagnerez-vous? Par raison, vous ne pouvez assurer ni l'un ni l'autre; par raison, vous ne pouvez nier aucun des deux.

Ne blâmons donc pas de fausseté ceux qui ont fait un choix; car nous ne savons pas s'ils ont tort, et s'ils ont mal choisi.

Non, direz-vous; mais je les blâmerai d'avoir fait non ce choix, mais un choix: et celui qui prend face, et celui qui prend pile ont tous deux tort. Le juste est de ne point parier.

Oui; mais il faut parier! Cela n'est pas volontaire; vous êtes embarqué! Et ne point parier que Dieu est, c'est parier qu'il n'est pas. Lequel prendrez-vous donc?

Pesons le gain et la perte en prenant le parti de croire que Dieu est. Si vous gagnez, vous gagnez tout; si vous perdez, vous ne perdez rien. Pariez donc qu'il existe sans hésiter.

Oui il faut gager. Mais je gage peut-être trop. Voyons: puisqu'il y a pareil hasard de gain et de perte, quand vous n'auriez que deux vies à gagner pour une, vous pourriez encore gager. Et s'il y en avait dix à gagner, vous seriez bien imprudent de ne pas hasarder votre vie pour en gagner dix à un jeu où il y a pareil hasard de perte et de gain. Mais il y a ici une infinité de vies infiniment heureuses à gagner avec pareil hasard de perte et de gain; et ce que vous jouez est si peu de chose, et de si peu de durée, qu'il y a de la folie à le ménager en cette occasion!

N'y aurait-il point de moyen de voir un peu plus clair? Oui, par le moyen de l'Écriture, la Bible, et par toutes les autres preuves du vrai christianisme biblique.

Ceux qui espèrent leur salut, direz-vous, sont heureux en cela. Mais ils ont pour contrepoids la crainte de l'enfer. Mais, qui a plus sujet de craindre l'enfer: celui qui est dans l'ignorance s'il y a un enfer, et dans la certitude de la damnation s'il y en a un; ou celui qui est dans une certaine persuasion qu'il y a un enfer et qui est dans l'espérance d'en être sauvé?

Quiconque, n'ayant plus que huit jours à vivre, ne prendrait pas le pari de croire que tout cela n'est pas un coup de hasard, aurait entièrement perdu l'esprit. Or si les passions ne nous tenaient point, huit jours et cent ans sont une même chose.

Quel mal vous arrivera-t-il en prenant ce pari? Vous serez fidèle, honnête, humble, reconnaissant, bienfaisant, sincère, véritable. À la vérité, vous ne serez point dans les plaisirs corrompus, dans la fausse gloire, dans les délices éphémères. Mais n'en aurez-vous point d'autre? Je vous dis que vous y gagnerez, en cette vie; et qu'à chaque pas que vous ferez dans ce chemin, vous verrez tant de certitude du gain, et tant de néant dans ce que vous hasarderez, que vous connaîtrez à la fin que vous avez parié pour une chose certaine et infinie, et que vous n'avez rien donné pour l'obtenir.

(Adapté d'un texte de Blaise Pascal)

Retour au menu Retour en haut

Retour à L'Évangile au Québec | livres | études | traités | Questions / réponses
ww.evangile.ca/questions/index.htm" target="_top">Questions / réponses