« L'ARBRE ET SON FRUIT. »

«Tout bon arbre produit de bons fruits, mais l'arbre mauvais produit de mauvais fruits » - « L'arbre est connu par son fruit » (Matthieu 7;17 ; 12;33).

C'est une vérité généralement reçue que « nous sommes tous pécheurs», comme l'on dit. Or cela est incontestable. Toutefois, en le disant d'une façon légère, sans exercice de conscience, on proclame que l’homme pèche comme il respire, comme il boit, ou, en d'autres termes, que pécher est un acte ordinaire, inévitable, provenant de sa morale. Eu entendant parler de la sorte, on se sent poussé à examiner les choses au point de vue de leur origine, et à se demander, si l'on pouvait imaginer un homme qui n'eût pas encore commis un seul péché, comme par exemple l'enfant qui vient de naître, est-ce que cet homme n'en est pas moins un pécheur ?

Car l'enfant qui vient de voir le jour ne tarde pas à manifester une volonté que vous aurez bientôt à réprimer: c'est un commencement ; vous ne tarderez pas à voir apparaître les fruits de sa nature morale, et ces fruits seront des péchés.

Autrement dit, il y a le péché, qui représente la nature de l'homme ; ensuite, les péchés, qui sont les fruits apparents de cette nature mauvaise.

Mais ce qui est triste au-delà de toute expression, c’est que l'homme, tout en disant : « Nous sommes tous pécheurs», a beaucoup de peine à s'appliquer à lui-même cette affirmation, en reconnaissant qu'il est pécheur. On se cache, pour ainsi dire, dans la grande foule, tout en répétant la formule de confession des péchés : « Nous reconnaissons et nous confessons que nous sommes de pauvres pécheurs, etc. » Cette formule est en usage dans les systèmes religieux établis. Nous n'arrivons pas à nous écrier : « J'ai péché, je suis un pécheur», si ce n'est sous la puissante action de la parole de Dieu sur la conscience, pour y produire cette conviction intime dans sa présence. Le moment solennel et sérieux pour un homme n'arrive que lorsque, se voyant à la lumière de Dieu, il en vient à dire en vérité... « J'ai péché... Je suis un pécheur ! »

Que lui importe alors ce que les autres peuvent dire ou penser de 1ui ? Que lui importe la position élevée qu'il occupe, la réputation dont il jouit, la bonne opinion qu'il pouvait avoir jusque-là de lui-même ? Amené dans la présence de Dieu, il voit ses péchés personnels, il se voit pécheur… passible du jugement. Au cri accusateur de sa conscience, longtemps endormie peut-être, mais soudain réveillée, il répond : « J'ai péché! »

Nous avons une saisissante illustration de cela dans la vie de David, le roi, dont la conduite coupable à une certaine occasion, nous est rapportée par le prophète Samuel (2 Samuel 11). Puis, ce qui est plus intéressant encore, c'est que le roi lui-même nous dévoile, au Psaume 51, le travail de conscience par lequel il passe, ainsi que la bénédiction qui a suivi sa restauration.

David avait, dans son enfance été favorisé de Dieu, comme beaucoup de nos chers lecteurs, enfants de parents chrétiens, élevés dans l'enseignement de la parole de Dieu.

De bonne heure, Dieu l'avait désigné comme celui qui serait le conducteur de son peuple Israël, et l'avait fait oindre par le prophète Samuel. Il «l'avait délivré de la patte du lion, et de la patte de l'ours », et puis du terrible géant, champion des Philistins, qui insultait Dieu et son peuple ; plus tard encore, Il le préserve de Saül le roi, qui, à plusieurs reprises, avait cherché à le tuer, le poursuivant « comme une perdrix sur les montagnes.» Puis Il l'avait établi sur son peuple Israël, et lui avait fait des promesses pour un long avenir.

C'est cet homme que Dieu avait ainsi béni, l'ayant tiré de son parc de brebis et de sa cabane de berger pour le mettre sur le trône, qui se sert de sa position même, qu'il tenait de Dieu, pour le déshonorer.

Établi à la tête du peuple de Dieu, le roi devait le gouverner en temps de paix, et le conduire à la bataille si des ennemis venaient à l'attaquer. Or, un jour, au lieu de se trouver à la tête de son armée, aux prises avec l'ennemi, il reste dans son palais pendant que son peuple combat. La convoitise se présente, un soir, sous une forme séduisante, et la convoitise ayant conçu, enfante le péché. Le roi devient adultère, et comme il arrive qu'un péché conduit facilement à un autre, pour cacher l'adultère, il devient meurtrier.

Dieu lui envoie un fidèle serviteur qui, sous une forme imagée, lui met devant les yeux son péché, lui en fait mesurer l'étendue, et réveille ainsi sa conscience endormie: Et, dans la présence de Dieu qui voit tout, à qui rien ne peut échapper, il s'écrie : « J'ai péché ! » C'est lui-même qui nous fait suivre, dans ce psaume 51, le travail que Dieu fait dans sa conscience coupable. Ainsi, il dit : « Use de grâce envers moi, ô Dieu ! selon ta bonté ; selon la grandeur de tes compassions, efface mes transgressions. Lave-moi pleinement de mon iniquité, et purifie-moi de mon péché. Car je connais mes transgressions et mon péché est continuellement devant moi.» Arrêtons-nous ici, cher lecteur, et dites-moi en la présence même de Dieu, si vous savez par une expérience personnelle, ce que c'est que d'être devant Dieu comme devant Celui pour qui toutes choses sont nues et entièrement découvertes (Hébreux 4;12-13), dans le sentiment que vous êtes un pécheur coupable, perdu, avec un urgent besoin de sa grâce, afin que son jugement ne vous atteigne pas.

Savez-vous ce que c'est que d'avoir sur soi ce poids écrasant du péché que personne ne peut ôter, d'entendre continuellement cette voix qui s’appelle la conscience, voix indiscrète et cruelle, que ne peut faire taire, qui répète sans cesse les paroles, qui crie ou chuchote à vos mêmes reproches, vous accusant nuit et jour, et vous amenant enfin à vous écrier : « J'ai péché?»

Savez-vous ce que c'est que d'avoir votre péché continuellement devant vous ? En vain chercheriez-vous des excuses. David, lui, n'en cherche point.

Il se trouve obligé de dire, devant Dieu : « péché.» Puis il s'agit de faire un pas de plus, et d'avouer : « Je suis un pécheur. »

C'est là où il nous faut en venir tous, si nous voulons être sauvés. C’est là où Dieu veut nous amener chacun, par la grâce qui peut s’étendre au plus vil des pécheurs, à la plus misérable des créatures déchues.

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Auteur inconnu