LE PHARISIEN ET LE PÉAGER

(Lisez Luc 18;9-14)

Le Seigneur Jésus est venu ici-bas, faire briller la lumière céleste sur tout ce qui l'entourait dans le monde. Il n'avait pas besoin qu'on rendît témoignage de l'homme, car Il savait ce qui était dans l'homme. Il faisait connaître le jugement de Dieu sur son état moral, tout en lui apportant la révélation d'une grâce parfaite qui peut le rendre heureux pour l'éternité.

Ces divers principes de vérité, ainsi que les obstacles que l'homme oppose au déploiement de la miséricorde de Dieu envers lui, ressortent de la portion de l'Écriture que nous avons devant nous.

Le premier effet de la conscience se voit chez Adam après sa chute, se traduisant par son appréhension de s'approcher de Dieu; l'homme coupable a peur de Lui. Mais puisqu'il ne peut pas se débarrasser complètement de Dieu, il s'efforcera de mériter sa faveur, ou du moins sa clémence, afin de détourner les coups de son jugement. Il cherche, comme Caïn, à acheter sa bienveillance par le fruit de ses efforts et, dans son aveuglement. il se flatte d'y parvenir, lors même que « son iniquité se présente pour être haïe» (Psaume 36;2.) C'est ce qui caractérisait le pharisien qui était monté « au temple pour prier.» Ce qu'il dit dénote une ignorance profonde de son état devant Dieu. Ayant confiance en ses mérites, il ne fait aucune mention de sa misère dont il n'a pas conscience. Quant à des besoins, il n'en sent pas. L'homme regarde à l'apparence extérieure. Le pharisien en était là, oubliant que Dieu regarde au cœur. Il ne suffit pas d'avoir été gardé de péchés grossiers, car le Seigneur Jésus déclare que « du dedans, du cœur des hommes, sortent les mauvaises pensées! » Et celles-là, qui peut les voir, si ce n'est Dieu ?(Marc 7;21.)

Le pharisien ne voulait pas être confondu avec le reste des hommes, n'étant pas comme eux « ravisseurs », signalant ainsi en premier lieu le péché dont tous les publicains étaient accusés. Mais le Seigneur qui scrute les cœurs, déclare des scribes qu'ils « dévoraient les maisons des veuves », tout en ayant pour prétexte de faire de longues prières (Marc 12;40.)

Il n'était pas « injuste » à ses propres yeux, tandis qu'aux yeux du Dieu saint, « il n'y a point de juste, non pas même un seul » (Romains 3;10.) Il ne se croyait pas « adultère » non plus, mais lorsque le Seigneur touche la conscience des scribes et des pharisiens qui lui avaient amené la femme adultère (Jean 8;1-11), ils sont incapables de supporter l'éclat de cette lumière qui sonde les replis cachés de leurs cœurs et de leur vie, et tous, l'un après l'autre, ils s'éloignent de Lui.

Le pharisien énumère ensuite toutes les bonnes œuvres qu'il croit avoir accomplies, mais il ne parle pas de celles que Dieu recommande, qui seules lui sont agréables, comme étant le fruit de la foi, l'aimer, l'adorer, le servir, sanctifier son Nom, pratiquer la justice et la miséricorde. Se servant de la loi à sa façon pour pouvoir se distinguer entre ses semblables, il ajoutait aux commandements dont l'observation lui paraissait trop banale, des pratiques et des œuvres qui devaient, pensait-il, lui assurer la faveur de Dieu. C'était trop insignifiant pour lui de jeûner seulement au jour des propitiations et de donner la dîme des gros produits de sa récolte, de l'huile, du vin et du froment, comme Dieu l'avait prescrit à son peuple (Lévitique, 23;26-32 ; Nombres, 18;8-32. Il jeûnait «deux fois la semaine », il donnait la dîme de « tout »ce qu'il possédait, jusqu'aux « fines herbes » sans doute (Luc 11;42.) Il croyait manifester ainsi son attachement particulier au service de Dieu.

Telle était « la justice » d'un pharisien. Combien elle différait de la justice de Dieu ! Ignorant la corruption profonde de son cœur, il n'éprouvait aucun besoin d'un Sauveur qui donnât sa vie en rançon pour les pécheurs (Marc 10;43), et qui seul peut nous racheter de toute iniquité (Tite 2;14.)

Les pharisiens n'attendaient du Messie promis que des privilèges extérieurs, une gloire mondaine, la suprématie sur toutes les autres nations.. Un Christ rejeté, méprisé des hommes, tel que le prophète l'avait annoncé, leur était totalement étranger. La nécessité de sa mort expiatoire à cause du péché de son peuple, et en vue de la bénédiction éternelle de tous ceux qui mettraient en lui leur confiance était le moindre de leurs soucis. Ils ne pensaient qu'à se débarrasser au plus vite de Celui dont la vie sainte les condamnait.

Quel contraste entre l'état moral du pharisien et celui du publicain qui était aussi « monté au temple pour prier. » Le publicain se tenant loin « ne voulait même pas lever les yeux vers le ciel » (verset 13.) L'attitude du péager en s'approchant de la présence de Dieu, ainsi que ce qu'il exprime, fait ressortir trois dispositions qui caractérisaient son état d'âme qui faisaient défaut au pharisien :

1° En se tenant loin, il montrait qu'il sentait profondément son indignité, son incapacité de s'approcher du Dieu saint, vers lequel il n’osait même pas lever les yeux. La conscience de sa culpabilité et de sa misère pesait sur lui, et il se frappait la poitrine, « comme pour exprimer le jugement qu'il portait sur l'état de son cœur. » Son péché le remplit de douleur, de honte, de confusion, et il se considère comme ayant mérité d'être frappé par le jugement divin. Et. Dieu est attentif à sa courte prière ! Quelle leçon salutaire pour nous !

2° Un second fruit de l’œuvre de Dieu dans cette âme se manifeste par une confession sincère de son état aux yeux de Celui qui sonde les cœurs et les reins. Il déclare publiquement à la face du ciel et de la terre qu'il est un pécheur; il n'est que cela: « le pécheur », dit-il comme s'il était le seul qui eût offensé Dieu sur la terre. C'était comme une créature rebelle, corrompue, esclave de Satan et du péché, qu'il invoquait la miséricorde de Dieu.

3° Mais il y a un autre trait plus important encore. Au lieu de s'enfuir loin de la face de Dieu pour chercher à échapper à son jugement, il agit comme autrefois le roi David à l'occasion du grand péché de sa vie, et porte son fardeau de culpabilité et de misère aux pieds du Dieu d'Israël qui avait placé son mémorial à Jérusalem. Il a confiance en sa miséricorde, souvent proclamer à son peuple revêche et coupable, et il s'approche du lieu choisi de sa demeure. C'est là qu'il recherche Celui qui s'est plu à révéler à Moïse le nom qui renferme autant de tendresse que de gloire : « l'Éternel, Dieu, miséricordieux, faisant grâce, lent à la colère et grand en bonté et en vérité » (Exode 34;6.) Repoussera-t-Il la requête d'un pécheur affligé et repentant qui cherche sa face en se tournant vers sa maison? (1 Rois 8;47-51.) Celui qui s'était révélé à Israël comme « un Dieu juste et Sauveur », et particulièrement comme « l'Éternel, le Rédempteur d'Israël » (Ésaïe 45;21 ; 49;7), pourra-t-Il trouver un moyen de satisfaire sa justice, tout en effaçant la culpabilité de celui qui crie vers lui ?

Le Sauveur présent au milieu d'eux, était la vivante réponse à toutes ces questions. Aussi le publicain descendit dans sa maison « justifié. » Il obtint la réponse immédiate à sa prière, apprenant que Dieu était apaisé envers lui.

Remarquons que le publicain se remet à Dieu, à sa justice et à sa grâce; Il attend le pardon de sa part, sans que lui-même pût rien faire pour l'obtenir. Nous savons, par d'autres passages de l'Écriture, qu'il n'y a qu'un moyen de satisfaire aux exigences de la parfaite sainteté de Dieu ; ce moyen, Dieu seul peut le trouver. Comme Abraham l'a dit à Isaac: « Mon fils, Dieu se pourvoira de l'agneau pour l'holocauste » (Genèse 22;8.) II a fallu la mort d'une victime qui supporte le fardeau du jugement à la place du pécheur, et en réponse aux besoins infinis de celui-ci, Dieu lui déclare: « J'ai trouvé une rançon » (Job 33;21.)

Cette rançon d'un prix infini, c'est le sang de l'Agneau, c'est la mort de la sainte Victime qui a porté les péchés de plusieurs, et par les meurtrissures de laquelle nous avons la guérison (Ésaïe 53;5.)

Qu'il est précieux d'avoir affaire à un Dieu de toute grâce! C'est ainsi que le publicain put descendre en sa maison « justifié plutôt que l'autre), qui était demeuré dans les ténèbres de sa propre justice et de son orgueil. Il est déclaré juste par Celui qui le connaît à fond, non pas sur le fondement de son innocence ou de ses bonnes intentions, mais en vertu de l’unique remède que Dieu seul a pu trouver. Le grand sacrifice allait être consommé, et la parabole vient de la bouche et du cœur de Celui qui devait, qui pouvait l'offrir.

Par ce sacrifice, Dieu a montré sa justice à cause des péchés précédents et du temps présent, en justifiant celui qui est de la foi de Jésus.

Puissent tous ceux qui liront ces lignes se réjouir dans la consolante assurance que Dieu est juste en les justifiant, à cause du précieux sacrifice de Jésus dans lequel Il a trouvé une satisfaction suffisante pour la rédemption de leurs âmes, et se souvenir qu'ils ont été convertis des idoles à Dieu, « pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils, qu'il a ressuscité d'entre les morts, Jésus qui nous délivre de la colère qui vient» (Voyez 1 Thessaloniciens 1;10.)

_____________________________