« TU ES POUSSIÈRE »

Nous connaissons tous le touchant récit de la guérison de l'aveugle-né, qui nous est rapporté au chapitre 9 de l'Évangile de Jean. La manière dont le Seigneur Jésus le guérit, nous rappelle cette grande vérité : « Tu es poussière. » Que fait Jésus ? Il crache en terre, fait de la boue avec son crachat, et met la boue comme un onguent sur les yeux de l'aveugle, et lui dit : « Va, et lave-toi au réservoir de Siloé. » - « Il s'en alla donc et se lava, et revint voyant. » Le nom de Siloé, qui signifie « envoyé », se rapporte sans doute à la présence du Seigneur sur la terre, « envoyé » par le Père pour accomplir son œuvre de grâce ; Il l'avait dit : « Il me faut faire les œuvres de celui qui m'a envoyé, tandis qu'il est jour. »

Considérons un instant cet acte remarquable. Jésus ne semblait-il pas indiquer aux hommes, témoins involontaires de cette intervention puissante de la grâce de Dieu, leur état moral ? Il leur disait, en effet : « La lumière est là devant vos yeux, et vous ne la voyez pas ! Le Fils de Dieu, la Parole faite chair, est là au milieu de vous, et vous ne l'apercevez pas ! Jésus qui est Dieu, agit ici comme créateur. Sa toute-puissance est au service de sa grâce.

Au commencement, après avoir créé les cieux et la terre, après avoir rempli cette création de tout ce qui la pouvait orner et en faire un séjour agréable pour une créature qui serait à sa propre image, Dieu couronne son œuvre en faisant l'homme, sa créature de prédilection. Pour le créer, il ne se contente pas de l'appeler à l'existence, comme Il l'a fait pour 1es êtres créés jusque-là ; non, Il prend, dans ses mains, de cette terre qu'Il a fait, et la façonne comme Il l'a voulu, dresse ce chef-d’œuvre sur ses pieds, les yeux en haut, contrairement aux animaux qui regardent en bas, et puis, Il souffle en ses narines « une respiration de vie », et l'homme devint « une âme vivante.» Ce n'est pas là la vie seulement, comme l'ont tous les êtres en général, mais 1'âme immortelle que Dieu donne à l'homme.

Ici aussi, Jésus crée. Dans ces yeux qui n'ont jamais vu, Il fait se développer instantanément, un nerf optique, une rétine, où iront se fixer les images des choses, un cristallin, enfin toutes les parties si fines et si délicates qui font notre admiration dans l’organe de la vision. Et cet homme qui n'a jamais vu, cet aveugle-né, y voit pour la première fois ! Habitués à voir depuis que nous sommes au monde, nous ne connaissons pas la sensation qu'éprouve un aveugle qui, sans être né dans cet état, a perdu la vue, et la retrouve par l'opération qui est applicable à son cas. Je me souviendrai toute ma vie de la joie qu'éprouva un cher aveugle que j'eus le plaisir de faire opérer, il y a quelques années, et qui est maintenant auprès du Seigneur. Dès que l'opération fut terminée, on lui laissa voir un instant la lumière ; il m'attira près de lui et me dit avec une expression que je n'oublierai jamais : « À présent je pourrai de nouveau lire ma Bible. »

Ce dut être une immense joie aussi pour cet aveugle-né guéri, de voir, un peu plus tard, la vraie Lumière qui était là devant lui. Lorsqu'il obéit à sa parole toute-puissante, il savait seulement qu'« un homme appelé Jésus » avait fait de la boue et l'avait appliquée comme un onguent sur ses yeux. Il ne connaissait pas Jésus autrement, il ne savait pas qui Il était. Mais Jésus ne l'a pas oublié. Oublie-t-il jamais ceux qu'Il a guéris ? Toutefois cet homme avait besoin de faire l'expérience de ce qu'est le monde, et de l'accueil qui y est réservé à Jésus, ainsi qu'aux objets de sa grâce. Les hommes religieux ; pharisiens, ne veulent pas du Christ, et ils chassent de la synagogue celui qui le confesse. Triste expérience, en effet ! Mais Jésus n'y est pas indifférent. Il apprend qu'ils ont chassé l'homme parce qu'il avait confessé que celui qui l'avait guéri était certainement « de Dieu », sans quoi Il ne pourrait ouvrir les yeux d'un aveugle-né tel que lui. Jésus vient le trouver et lui pose la question : « Crois-tu au Fils de Dieu ? »

Naturellement personne n'avait parlé à ce pauvre aveugle de Jésus comme étant le Fils de Dieu. Mais il est tout prêt à croire en Lui dès qu'il comprend que c'est Celui qui l'a guéri qui lui parle: « Qui est-Il, Seigneur, afin que je croie en Lui ? »

La réponse de Jésus dissipe tout doute : « Et tu l'as vu, et celui qui te parle, c'est lui. » Aussitôt la confession suit : « Je crois Seigneur ! » Puis « il Lui rendit hommage.»

Jésus a mis dans ces yeux ténébreux quelque chose qui n'y était pas auparavant. Il ne fait pas autrement pour le pécheur qui vient à Lui. Quand Il opère, pour produire la vie, c'est une nouvelle nature qu'Il donne à celui qui est ainsi engendré de Dieu. Les yeux de l'homme, il est vrai, ne voient pas, bien que Christ soit là à leur portée ; mais sa parole puissante, efficace, appliquée par le Saint Esprit, ouvre les yeux, touche le cœur, gagne la confiance. Celui qui dit, comme l"aveugle : « Je crois Seigneur ! » ne tarde pas à Lui rendre l'hommage qui Lui est dû. Cher lecteur, l'avez-vous fait ?

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