« JE SUIS PRÊT À MOURIR ! … ET VOUS ? »

Un cher serviteur de Dieu habitait une contrée montagneuse et pittoresque. À une certaine distance de son village était une localité qui avait toujours été réfractaire à l'Évangile, et à laquelle il pensait beaucoup dans ses prières.

Une circonstance le mit en rapport avec une famille de ce lieu. Il saisit cette occasion pour venir quelquefois lire la Parole de Dieu dans ce foyer. Une partie de la maison fut bientôt convertie au Seigneur, et accepta Jésus comme Sauveur.

Ce fut un encouragement pour cet évangéliste, qui tint là quelques réunions. Le Seigneur les bénit, et plusieurs personnes furent amenées à la foi en Jésus.

Mais l'ennemi ne demeura pas inactif. Il voulait à tout prix entraver cette œuvre intéressante. À plusieurs reprises, les personnes du village entendirent proférer des menaces contre le serviteur de Dieu. Quand ses nouveaux amis lui firent part de cette rumeur, il les tranquillisa, et continua paisiblement ses visites et ses entretiens, en dépit de l'opposition qu'il rencontrait.

Dans certains ménages, les maris défendirent à leurs femmes de venir assister aux prédications. L'un de ces hommes au caractère méchant, furieux de voir sa femme confesser le Seigneur, et persévérer, malgré les défenses faites, à venir écouter la bonne et consolante Parole de Dieu, conçut une haine violente contre le serviteur de Dieu, et résolut de le tuer.

Pour revenir à sa demeure après ses réunions, cet ami du Seigneur devait traverser une petite forêt. La route longeait ensuite un petit lac. Il avait pris l'habitude, arrivé à l'orée du bois, de se mettre à genoux, et de prier le Seigneur de le conduire dans le chemin, et de le ramener sain et sauf à la maison, en se tenant Lui-même à son côté.

Un soir, il éprouva le besoin de prolonger ses supplications. Il songeait à cette œuvre naissante dans le village ; et il demanda particulièrement que cette soirée fut bénie pour les âmes qui avaient entendu les appels de la grâce. S'étant relevé plein de confiance et d'entrain, il s'engagea dans le bois, en chantant ses cantiques favoris. Il eut bien vite atteint les rives du petit lac aux eaux tranquilles.

Rien ne troublait le silence de la nuit, quand tout à coup, un bruit insolite frappa ses oreilles, et il aperçut une silhouette humaine sortant du bois, et déjà, devant ses yeux. En même temps, deux solides poings le saisirent, tandis que, d'une voix rauque et sinistre, un homme lui demandait :

-Vous êtes bien le prédicateur, qui venez prêcher à B... ?
-Oui, monsieur. Pourquoi me demandez-vous cela ?
-Afin de ne pas faire de méprise, car je suis venu pour vous noyer, en vous jetant dans le lac.
-Eh bien, mon ami, je suis prêt à mourir! Et vous ?
-Assez de discours inutiles ! Et en prononçant ces mots, il poussait vigoureusement son adversaire vers le lac.

Si l'inconnu était un homme fort, le serviteur de Dieu était, lui aussi, un homme grand, bien bâti, et solidement musclé. Il se laissa d'abord pousser ; mais à un mètre de la rive, il résista énergiquement, et l'inconnu, malgré ses efforts désespérés, ne put arriver à le faire reculer d'un pas.

-Je ne refuse pas de mourir, dit le croyant. Je vous ai dit que j'étais prêt ; toutefois, si vous me poussez dans l'eau, je vous préviens que vous pourrez y être entraîné avec moi.

Et, laissant tomber sa canne, l'évangéliste se dégagea, saisit son adversaire, et le souleva de terre, comme si c'eût été un enfant.

Croyant sa dernière heure arrivée, l'inconnu cria, demandant grâce.

-Avant que nous entrions dans l'éternité, je vous demande encore : Êtes-vous prêt à rencontrer Dieu ? C'est une question à régler tout de suite ! Il ne faut pas longtemps pour se préparer : il suffit de croire. Il est écrit : « Qui croit au Fils de Dieu a la vie éternelle !» Avez-vous reçu Jésus comme votre Sauveur ?

À ce moment, l'évangéliste sentit trembler de tous ses membres celui qu'il étreignait si vigoureusement.

Avec précaution, il déposa l'homme sur le sol. Celui-ci sentit alors toute l'horreur du péché qu'il avait voulu commettre, et toute la méchanceté de son cœur fut mise à nu. Il tomba aux pieds du serviteur de Dieu, et demanda pardon.

-Je vous pardonne volontiers ; mais c'est Dieu que vous avez offensé. C'est donc à Lui qu'il faut demander pardon.
-Et comment pourrais-je obtenir ce pardon, moi un si grand coupable ?
-Vous reconnaissez donc que vous êtes un pécheur perdu, et incapable, tel que vous êtes, de vous tenir devant la justice de Dieu ? Dans ce cas, je puis vous annoncer une bonne nouvelle : « Jésus est venu chercher et sauver ce qui était perdu.» Il a porté tous nos péchés en son corps sur le bois ; Il a subi le châtiment que nous méritions, et que vous méritez, en sorte que la justice de Dieu est satisfaite. C'est pourquoi Dieu peut vous pardonner sans nuire à sa sainteté. Il est écrit que : «Dieu est juste, et justifiant celui qui croit en Jésus, qui est mort pour nos fautes… et a été ressuscité pour notre justification. » Il est écrit que « le sang de Jésus Christ, le Fils de Dieu, nous purifie de tout péché. » Si nous confessons nos fautes, « Il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés, et nous purifier de toute iniquité » (1 Jean 1;9). Dieu Lui-même a préparé votre réconciliation avec Lui, en envoyant son Fils ; il vous suffit donc de croire ce que Dieu dit.

Après avoir prononcé ces paroles, l'évangéliste se mit à genoux à côté de l'inconnu. Il pria longuement pour que le Seigneur dissipât tous les doutes dans ce cœur repentant, et achevât l’œuvre commencée dans sa conscience réveillée. Ils se relevèrent ensuite tous deux. L'évangéliste ramassa son bâton, et avec l'inconnu il parla encore, jusqu'à une heure avancée de la nuit, des choses merveilleuses de Dieu.

Ils se séparèrent remerciant Dieu, l'un pour avoir été arrêté au moment de commettre un horrible crime, et l'autre, non seulement de ce que Dieu l'avait gardé du danger réel qu'il avait couru, mais bien plus encore, de ce qu'Il lui avait donné la joie de voir une âme délivrée du pouvoir de Satan, et se réjouissant en un salut glorieux et parfait, opéré par le Seigneur Jésus.

N'est-il pas encourageant pour nous de pouvoir constater les soins providentiels de Dieu, dont nous sommes les objets de sa part?

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