REPOS

(Matthieu 11;25, 30 ; Hébreux 4;3, 9-11).

Le patriarche Job, distingué pour sa piété, mais, selon les voies inscrutables de Dieu à son égard, affligé et éprouvé comme nul autre parmi les hommes ne l'avait été, a parlé de la mort comme d'un « repos pour ceux qui sont épuisés par la fatigue. » Il y en a beaucoup qui pensent comme lui. Mais le Seigneur Jésus est venu nous parler d'un repos tout différent dont peuvent jouir, de leur vivant, tous ceux qui écoutent son appel de grâce.

Puisqu'Il est venu ici-bas « en chair », et qu'Il est maintenant glorifié auprès du Père, nous pouvons dire avec Job: « Je sais que mon rédempteur est vivant » ; mais, encore mieux que lui, nous savons que le sommeil du corps, non de l'âme, est la part du croyant en quittant la terre; il sait qu'il est réconcilié avec Dieu. « Absent du corps, il est présent avec le Seigneur. » Le voyage du désert est venu à son terme; le navire, parfois ballotté par la tempête, vient de toucher sûrement le port. « Déloger, afin d'être avec Christ» dit l’apôtre, est beaucoup meilleur même, que de rester à son service sur la terre.

Dans les deux passages que nous avons sous les yeux, il est aussi question du repos; le premier nous parle d'un repos que Jésus donne à tous ceux qui viennent à Lui; ensuite, il est fait mention d'un repos de l'âme que le fidèle trouve sur son chemin, en acceptant le joug du Seigneur, et en apprenant de lui. Enfin, dans le passage d'Hébreux 4, nous trouvons le parfait et éternel repos qui « reste » pour le peuple de Dieu, le repos dont Dieu lui-même jouit alors qu'il n 'y a plus rien à faire pour compléter le bonheur de ceux qui sont à Lui.

Arrêtons-nous un instant sur ce précieux et important sujet, et considérons d'abord à qui s'adresse une première invitation du Seigneur. Elle s'adresse évidemment à tous ceux qui, étant loin de Lui, ont besoin de sa grâce. Sans aucune exception, ils sont invités à venir à Lui. Ceux que vise ce tendre appel, aussi actuel aujourd'hui qu'au moment où il sortit de la bouche du Sauveur, sont caractérisés par deux choses particulières: ils se fatiguent et sont chargés.

Seriez-vous peut-être du nombre de ceux- ci ? Les fardeaux, hélas! sont de bien des natures, mais certainement aucun n'est comparable à celui auquel David fait mention au Psaume 38;4. Celui qui est chargé du lourd fardeau de ses péchés, éprouve le besoin de s'en délivrer par lui-même tout d'abord, et il fera dans ce but, comme la pauvre femme de l'évangile, tout ce qui est en son pouvoir; mais le résultat de cette ardente activité c'est de la peine, beaucoup de peine même, sans aucun profit. En dépit de la somme d'efforts dépensés, le fardeau continue à peser sur la conscience, et plus sensiblement qu'auparavant: ainsi, au lieu de s'améliorer, l'état s'aggrave encore. « Ah! pourquoi donc faut-il que nous fassions cette amère expérience» direz-vous peut-être? Pour que, comprenant notre complète impuissance, nous cherchions la délivrance en dehors de nous-mêmes. Alors nous prêterons plus volontiers l'oreille à l'appel du Sauveur, et, avec confiance, nous serons disposés à nous tourner vers Lui. Quelle immense bénédiction pour l'âme quand la chose a lieu! Non seulement elle trouve la délivrance après laquelle elle soupirait, mais encore elle est amenée à jouir du saint repos que le Sauveur promet à celui qui répond à son invitation.

En quoi consiste-t-il, le repos qu'Il offre ? Celui qui dit: « Venez à moi», n'est autre qu'une personne divine: c'est le Fils, auquel toutes choses ont été livrées par le Père. Quant au mystère de son humanité parfaite, nul ne le connaît que le Père seul; mais, par contre, le Fils révèle le Père. Il fait connaître Dieu dans l'intimité de cette douce relation ; Il le fait connaître à ceux auxquels Il le trouve bon, à ceux qu'Il appelle ici: de « petits enfants. »

De plus, c'est le bon plaisir du Père qu'il en soit ainsi.

Ce sont précisément ceux qui se sont approchés de Lui, comme le « petit enfant » au chapitre 18, qui vient lorsque le Seigneur l'appelle. En d'autres termes, ce sont ceux qui l'ont reçu par une foi enfantine. Il est écrit: « À tous ceux qui l'ont reçu, il leur a donné le droit d'être enfants de Dieu, savoir à ceux qui croient en son nom » (Jean 1;12). Ils possèdent ainsi la bénédiction suprême rappelée dans ces paroles: « Voyez de quel amour le Père nous a fait don, que nous soyons appelés enfants de Dieu » (1 Jean 3;1). Quel repos pour un pécheur pardonné que de jouir d'une relation aussi intime! Fruit des pensées du Père envers nous, elle a été chèrement acquise par la mort du Sauveur sur la croix.

Puisse cette part être aussi la vôtre maintenant!

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Le Seigneur s'adresse de nouveau à ceux qui ont répondu à son invitation. Il les a amenés au Père, leur donnant ainsi du repos. Mais, comme Lui, ils sont encore dans le monde, qu'ils sont appelés à traverser, en suivant ses traces. Comment trouver du repos au sein de circonstances difficiles, pénibles et souvent incompréhensibles ? Comment être tranquilles et remplis de confiance, quand nos espérances les plus chères ici-bas sont anéanties et nos plans renversés ? Il nous enseigne un chemin, un seul, pour trouver le repos dont l'âme a besoin. Dans ce but, Il nous invite à nous charger de son joug et à apprendre de Lui.

Qu'est-ce que le Seigneur entend par prendre son joug sur nous ? L'ensemble du passage nous l'apprend. Le Seigneur a prononcé ces paroles au moment d'être rejeté comme Messie d'Israël; Il venait de faire des reproches aux villes dans lesquelles le plus grand nombre de ses miracles avaient été accompli, parce qu'elles ne s'étaient pas repenties. Selon l'expression du Psaume 69;4, Il a dû dire: « Ce que je n'avais pas ravi, je l'ai alors rendu.» Que fait le Seigneur en un tel moment ? Recevant toutes choses de la main du Père, qui aime le Fils, du Père, Seigneur du ciel et de la terre, Il est entièrement soumis à sa volonté. Débonnaire, il renonce à ses droits, et n'a pas d'autre pensée que celle de poursuivre son service d'amour, compris par son Père seul.

C'est comme si le Seigneur nous disait : « Imitez-moi, en acceptant toutes choses, même celles qui vous paraissent adverses, comme de la main de votre Père; Il n'a pas d'autre intention à votre égard que celle de vous bénir. Lui, le Seigneur du ciel et de la terre, n'en a-t-Il pas la puissance ? Soumettez-vous donc humblement à ses dispensations pleines de sagesse, et de cette façon vous trouverez le repos de vos âmes. Assurément, quel doux repos ne trouve-t-on pas dans le chemin de la dépendance journalière de celui que nous connaissons comme Père en Jésus ? En le suivant ainsi, nous jouirons de la communion avec Lui. Il veut nous faire expérimenter sa tendre sympathie et sa puissance, afin que nous soyons encouragés et soutenus. Notre bien-aimé Sauveur est notre parfait modèle; en imitant donc sa soumission au Père, nous pourrons reproduire, en quelque mesure du moins, les caractères de Celui qui est débonnaire et humble de cœur.

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Il nous faut maintenant regarder en avant, en considérant le passage de l'épître aux Hébreux que nous avons lu ensemble.

Au terme des économies divines, le croyant seul, jouira du parfait et éternel repos, réservé au peuple de Dieu. Ce repos est la part du croyant, car il est écrit: « Nous qui avons cru, nous entrons dans le repos. » La foi, tel est le trait commun à ceux qui y entrent. Sommes-nous tous de ce nombre ?

Les croyants sont nés de Dieu, créés en Jésus Christ pour les bonnes œuvres que Dieu a préparées à l'avance, afin que nous marchions en elles; ils attendent, comme des étrangers et des voyageurs ici-bas, «la cité qui a des fondements, de laquelle Dieu est l'architecte et le Créateur. » Ils attendent le prochain retour de leur Sauveur pour les introduire auprès de Lui, dans le repos éternel et la gloire céleste.

Ce repos est appelé « sabbatique », c'est-à-dire qu'il répond en caractère à celui qui est mentionné en Genèse 2;2,3. Après avoir achevé la création, Dieu vit que tout était « très bon »; Il n'avait plus rien à y faire. De même est-il écrit que celui qui entre dans ce repos promis, « lui aussi s'est reposé de ses œuvres, comme Dieu s'est reposé des siennes propres. » Et les œuvres dont il s'agit sont toutes bonnes. Nous apprenons ainsi que ce repos est celui de Dieu lui-même. Ne consiste-t-il pas; pour Lui, en la pleine satisfaction qu'il trouve dans toutes les choses qu'Il a accomplies et que Christ a accompli, et qui répondent pleinement à son caractère et aux pensées de son cœur ? Tel est le repos final qui sera le bienheureux partage du racheté. Rien, absolument rien ne sera de nature à l'inquiéter ou l'assombrir, soit en lui-même, soit autour de lui, Tout sera parfait et répondra pleinement aux pensées de Celui qui est amour et lumière. Christ lui-même remplira nos cœurs jusqu'à les faire déborder de louanges à sa gloire et à celle du Père. «Appliquons-nous donc à entrer dans ce repos-là », en jugeant dans nos voies ce qui est incompatible avec l'objet de notre espérance.

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