« ÊTES-VOUS SÛR QUE DIEU EXISTE ? »

Antoine B., un modeste paysan très pauvre, habitait le midi de la France. Outre, une masure qui lui servait d'habitation, il ne possédait que quelques lopins de terre, qui étaient insuffisants pour le nourrir lui et sa femme. Mais l'un et l'autre, étant énergiques et travailleurs, allaient en journée chez les nombreux propriétaires du village.

Quoique privé des biens terrestres, Antoine était cependant un homme très heureux. Il avait été converti, ainsi que sa femme, depuis bien des années. Pieux et probes, leur vie était un exemple de fidèle témoignage chrétien connu dans toute la contrée. L'ouvrage ne leur manquait pas, car ils étaient toujours retenus à l'avance pour les travaux des champs.

Une grande épreuve survint à Antoine. Pendant que l'on faisait la récolte des fruits, en automne, sa femme tomba d'un pommier et fut gravement blessée. Des complications survinrent, qui la condamnèrent à garder le lit durant plusieurs mois.

Chaque matin, après avoir prodigué à sa femme les soins nécessaires, et fait le ménage, Antoine partait à son travail, et malgré son épreuve, il était toujours heureux. Quant à sa femme, elle fut d'une patience remarquable, qui émouvait tous ceux qui venaient lui rendre visite. Pendant l'automne, son mari travaillait chez un homme, très bon selon le monde, mais incrédule et libre-penseur.

Antoine désirait beaucoup lui parler du salut; il avait demandé au Seigneur de lui ouvrir le chemin, et l'occasion se présenta tout naturellement par une belle après-midi ; le soleil brillait, le temps n'était pas trop froid: Antoine chantait à haute voix des cantiques en taillant la vigne.

Le propriétaire l'avait entendu chanter les jours précédents, mais sans y prêter attention. Ce jour-là, il fut touché, et il ne put s'empêcher de l'écouter très attentivement. Il contempla le visage rayonnant de son ouvrier qui continuait à chanter sans interruption, tout en se rapprochant du maître, sans se douter que celui-ci suivait chacun de ses mouvements.

Antoine venait de terminer un cantique, et tandis que, debout à deux pas de lui, son maître ne le perdait pas de vue, leurs regards se rencontrèrent, un sourire illuminant le visage du propriétaire :

-Je ne puis que vous admirer, dit-il. Et pourquoi, demanda l'ouvrier?
-Depuis le jour où vous êtes à mon service, vous n'avez pas cessé de chanter.
-La Parole de Dieu ne nous recommande-t-elle pas d'être « toujours joyeux ?»
-On peut, certes, être toujours joyeux, lorsque tout va bien, mais si j'étais à votre place, je serais loin d'être joyeux; je blasphèmerais continuellement ! J'ai appris par les assistants, avec quel calme vous avez relevé votre femme, le jour de son accident; j'ai aussi entendu parler de la grande patience de celle-ci. Je suis presque forcé de reconnaître qu'il y a quelque chose de vrai dans votre religion ; mais je ne puis y croire moi-même. La foi est un « don de Dieu» (Éphésiens 2;8). Il n'y a rien de plus précieux que de connaître Jésus comme son Sauveur. C'est là ce qui fait monter de mon cœur des cantiques d'actions de grâces pour son divin amour. Je sais que Dieu m'a aimé, et son amour n'aura jamais de fin; j'ai donc bien des sujets de reconnaissance envers Lui. Je sais en outre que mon Père céleste vous aime. Il a donné Jésus Christ, son Fils, pour vous sauver ! Ne voudriez-vous pas également connaître l'amour 'et la bonté de mon Père Céleste ?
-Comment pouvez-vous parler d'amour dans les circonstances que vous traversez? Si Dieu était bon, Il n'aurait pas permis cet accident.. Ne me parlez donc pas de la bonté de Dieu... Je sais que vous, croyants, vous avez toujours ces mots à la bouche. Vous voyez Dieu en tout et partout... Êtes-vous sûr seulement que Dieu existe ? Des hommes intelligents et savants prétendent que Dieu n'existe pas.
-Les savants dont vous parlez recherchent la vérité où elle n'est pas; elle ne se trouve que dans la Parole de Dieu, qui est la vérité, comme le Sauveur Lui-même l'a dit (Jean 17;17). Elle nous enseigne tout ce qui concerne la connaissance de Sa Personne; mais le Seigneur Lui-même a dit que ces choses sont « cachées aux sages et aux intelligents » du monde, Dieu les ayant révélées aux « petits enfants » (Matthieu 11;25). Lorsque je contemple la nature, les végétaux, les animaux, les hommes, j'y vois la manifestation d'une intelligence infiniment supérieure à tout ce qui se trouve chez les hommes, j'en conclue sans peine, par la foi, à l'existence d'un Dieu suprême.
-Votre pensée est bien naïve. Elle repose sur la Bible; or la Bible est un livre comme un autre, où il n'y a rien de vrai.
-Non, monsieur; la Bible est un livre divin. Elle nous parle justement des savants incrédules, en disant d'eux: « Se croyant sages, ils sont devenus fous » (Romains 1;22). Au lieu de remonter à l'origine divine des choses, ils émettent des hypothèses imaginées, qui bientôt, par suite de nouvelles découvertes, se trouvent être fausses; puis, il faut recommencer: ce qu'ils considèrent comme vrai aujourd'hui, ne le sera plus, demain ! Au lieu de cette base instable, ne serait-il pas beaucoup plus simple d'accepter ce que Dieu nous dit ? Mais l’orgueil de l'homme ne veut pas se plier à cela. Ce n'est donc pas sans raison qu'il est écrit: « L'insensé dit en son cœur, il n'y a pas de Dieu » (Psaume 14;1). En Hébreux 11;3, je trouve une conclusion touchante: « Par la foi, nous comprenons que les mondes ont été formés par la Parole de Dieu, de sorte que ce qui se voit n'a pas été fait de choses qui paraissent.»
-Je ne suis nullement convaincu par vos paroles.
-La Création révèle Dieu à notre intelligence. Mais si nous fermons volontairement les yeux, nous sommes inexcusables, et nous ne serons jamais convaincus. Nous trouvons partout, autour de nous, des preuves de l'intelligence et de la puissance de Dieu, dans ce qu'Il a créé. La preuve matérielle de l'existence de Dieu, que vous désirez, n'est-elle pas à notre portée ? Ainsi nous lisons en Romains 1;19-20 : « Ce qui se peut connaître de Dieu est manifesté parmi eux; et Dieu le leur a manifesté ; car, depuis la fondation du monde, ce qui ne peut se voir de Lui, savoir sa puissance éternelle, et sa divinité, se discerne par l'intelligence, par les choses qui sont faites, de manière à les rendre inexcusables.»
-Tout cela- ne me dit rien. Donnez-moi une preuve, une seule.
-Vous voulez encore une preuve ? Eh bien, je la vois à vos pieds.
-À mes pieds ? Je ne vois rien; expliquez-vous.
-Ne voyez-vous pas que vous marchez sur des ronces.
-Je ne vois pas du tout le rapport qu'il peut y avoir entre les ronces et l'existence de Dieu !
-Il est cependant facile de le discerner. Regardez ce fossé et cette haie qui est à la limite de votre vigne: la nature y est laissée livrée à elle-même ; que produit-elle ? Des ronces ! Laissez votre vigne pendant quelques mois sans la travailler; que produira-t-elle ? Des ronces ! D'où vient cette végétation incommode et envahissante, qui se répand sur tous les terrains, sous tous les climats, et particulièrement dans les terres qui sont mal soignées ? C'est la conséquence de la malédiction de Dieu sur cette terre !

Dans le premier chapitre de la Genèse, nous trouvons l'histoire de la création racontée bien simplement, par la description de l’œuvre des six premiers jours. Au chapitre deuxième, le repos de Dieu dans la création est mentionné, à l'occasion du septième jour. En contemplant son œuvre, Dieu trouva que « cela était très bon. » Puis vient le repos. Il introduit ensuite l'homme dans un jardin délicieux « où Il avait fait croître du sol tout arbre agréable à voir, et bon à manger. »

Mais hélas ! au chapitre troisième, nous assistons à l'entrée du péché dans le monde, par la désobéissance, et tout est maintenant gâté! Ce sol où Dieu avait fait croître des arbres agréables et bons, se trouve maudit, comme suite au jugement qui fond sur l'homme, à cause de sa désobéissance.

Voici ce que nous lisons: «Et l’Eternel dit à l'homme: Maudit est le sol à cause de toi; tu en mangeras en travaillant tous les jours de ta vie. Il te fera germer des épines et des ronces, et tu mangeras l'herbe des champs. À la sueur de ton visage, tu mangeras du pain, jusqu'à ce que tu retournes au sol; car c'est de lui que tu as été pris: car tu es poussière, et tu retourneras à la poussière » Et l'Éternel mit l'homme «hors du jardin » (Genèse 3;17-19, 23).

Ma conclusion est simple. Vous savez avec quelle facilité les ronces et les épines croissent sur le sol; vous en voyez la preuve dans votre propriété par la somme de travail exigée pour combattre leur envahissement, car sans cela votre vigne en serait bientôt étouffée. Or si nous remontons encore à l'origine, nous voyons que les épines et les ronces sont la conséquence de la malédiction prononcée par Dieu Lui-même, à cause du péché. C’est là une preuve convaincante de son existence, qu'il vous serait difficile de nier.

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Auteur inconnu